Dans le folklore écossais, un petit génie domestique sympathique et travailleur s’invite dans une famille en échange d’un repas ou de la liberté de se balancer sur un fer à cheval accroché à côté de la cheminée.
Il effectue les tâches ménagères et, à la manière d’un Jiminy Cricket, il dispense ses bons conseils à chacun ; enfin, il apporte la bonne fortune à la maisonnée. Ce petit elfe, que l’on retrouve dans Harry Potter s’appelle un brownie.

Les Scouts féminins des Etats-Unis et du Canada sont surnommés les Brownies et le célèbre musicien Eric Clapton a affectueusement appelé Brownie l’une de ses guitares. C’est dire le capital de sympathie qui entoure ce mot.
Pour nous, depuis une vingtaine d’années, le brownie s’est imposé dans notre cuisine sous la forme d’un gâteau au chocolat qui nous vient des USA. Quelle est sa spécificité ? La pâte est coulée en couche relativement fine dans un moule carré et on y ajoute des noix de pécan et des pépites de chocolat.
Sa caractéristique réside dans le contraste entre le fondant (fudge) de l’intérieur et le craquant (crust) du dessus, aussi est-il judicieux de ne pas trop pousser la cuisson sous peine d’obtenir un gâteau sec et surtout moins savoureux.

Bertha Palmer, riche marraine de la foire de Chicago de 1893, commande à son Chef un petit gâteau pour faire patienter les dames qui attendent la cérémonie d’inauguration. C’est la première apparition officielle du brownie, qui est surmonté d’un glaçage à l’abricot et de noix. C’est toujours sous cette forme qu’il est servi au Palmer House Hotel. Le nom n’est cependant pas fixé et le mot brownie désigne en 1896 une pâtisserie à base de mélasse et cuite dans des petits moules en fer blanc.
En 1907, l’Ecole de Cuisine de Boston fixe la recette telle que nous la connaissons aujourd’hui, en ajoutant un œuf supplémentaire et plus de chocolat, pour obtenir un gâteau plus onctueux et plus riche. Des variantes y apportent noix de pécan, cranberries ou encore un mélange de chocolats, blanc ou praliné.
On appelle « blondie » un brownie où le chocolat est remplacé par du « butterscotch », mélange de cassonade et de beurre.
Quand il est servi avec une crème anglaise et une boule de glace à la vanille, vous avez un brownie « à la mode » (prononcez avec l’accent américain). Il va de soi qu’il est meilleur dégusté chaud, même si c’est un peu lourd sur l’estomac.
Une sortie entre filles réussie ne peut que se terminer sur un dessert chocolaté. Celui que nous avons dégusté hier au Bennigan’s de Balboa était proprement décadent, mieux, une tuerie...
Songez donc : sur un fond de caramel, des boules de glace vanille étaient abondamment parsemées de cubes de brownie chaud et recouvertes de crème Chantilly agrémentées de cerises au marasquin et de coulures de sirop au chocolat, le tout servi dans un aquarium !

Bien entendu, nous avions anticipé cette extravagance en brûlant les calories par anticipation avec la séance de gym de la veille : nous avions donc mal aux cuisses, mais pas aux mâchoires !!!