mardi 17 novembre 2009

POU, HIBOU, CAILLOU, … CHOU!!!

Je vous ai dit que je m’étais mise à la soupe la semaine dernière pour me nettoyer un peu l’organisme. J’avais donc préparé une soupe dont le constituant principal était le chou.


En régulant le métabolisme des graisses et du sucre, ce légume est un précieux allié de la santé et de la minceur, en aidant à éliminer les toxines. Comme toutes les autres crucifères, c’est-à-dire chou de Bruxelles, chou rouge et chou-fleur ou brocoli, c’est une excellente source de vitamine C et d’acide folique qui contribuerait à protéger des cancers, particulièrement du poumon et de l’appareil digestif. Cultivé déjà depuis 8000 ans en Europe du Nord, il a gagné tous les territoires et on en retrouve une espèce sauvage sur le pourtour méditerranéen. Au fil du temps, on a sélectionné les nombreuses variétés pour développer les feuilles (chou frisé), une pomme bien serrée (chou rouge ou blanc, chou de Bruxelles), les fleurs (brocoli et chou-fleur) ou la tige (chou-rave).

Les choux se cuisinent de mille manières. Cru, c’est un ami de notre ligne, puisque le seul travail de la mastication nous fait déjà brûler des calories et envoie au cerveau des messages de satiété. Un petit secret : mettez vos lanières de chou cru dans une passoire avec du sel en remuant souvent comme vous le faites avec le concombre : il sera plus tendre et prendra mieux la vinaigrette. Et avec de l’ail et du persil, c’est un délice !!!


La soupe au chou, celle du régime, n’est plus à commenter : au bout de 3 jours, je n’en pouvais plus et je suis passée aux salades. Il n’y a vraiment que l’extra-terrestre incarné par Jacques Villeret dans « la soupe au choux » tiré du roman de René Fallet, pour ne pas s’en lasser. L'autre, la vraie, avec des haricots et de la poitrine de porc, est un régal reservé aux journées bien froides et constitue à elle seule un vrai repas.

On le voit apparaître sur les étals de nos marchés dès l'automne et ils s'accommodent avec des viandes à braiser ou à bouillir, en solides potées roboratives.
Pour l’attendrir et l’adoucir, on le fait souvent blanchir. Le problème, c’est que sa cuisson libère des composés soufrés à l’odeur forte qui en incommodent beaucoup. Là encore, il suffit d’ajouter un gros morceau de pain à l’eau de cuisson pour absorber l’odeur. Sinon, il ne reste qu'à ouvrir la fenêtre...

La choucroute (de l’allemand Sauerkraut chou acide) est du chou coupé en lanières fines et fermenté dans une saumure. Cette technique a été probablement inventée en Chine. D’ailleurs le kimchi coréen n’est rien d’autre que du chou fermenté. Mais ce sont Attila et ses Huns qui l’ont introduit en Europe en 451. Bien que l’on en retrouve des recettes des le XIVème siècle, il faut attendre la XIXème pour que la choucroute désigne le plat complet que nous connaissons aujourd’hui. Les recettes sont multiples : au Riesling, au Gewurztraminer, à la bière ou au Champagne.
C’est un plat calorique, non à cause du chou, mais de la profusion de viandes qui l’accompagnent : jarret de porc, saucisses de Francfort ou de Strasbourg, gendarmes, côtes fumées, cervelas…et même langue, qui donne, parait-il un goût délicieux…Mais il faut goûter aussi la choucroute de la mer, avec un assortiment de poissons, de coquillages et de crustacés et à laquelle un beau morceau de haddock donne un goût fumé.

L’Alsace n’a pas le monopole de la choucroute, puisque cette préparation est aussi appréciée dans les pays du nord et de l'est de l'Europe. Dans le nord de l’Allemagne, en particulier à Berlin, on la sert cuite dans un bouillon, servie avec un jarret de porc bouilli puis rôti et une purée de pois cassés : c’est le Schweinhaxe.


Ici, on ne trouve que 2 types de choux : le chou blanc bien pommé et le chou chinois ou petsaï. J’en avais 2 beaux exemplaires l’autre jour que j’ai compoté avec des oignons et des petites saucisses variées. Au final, un petit plat facile et goûteux, idéal pour les jours de repassage ou de ménage car il ne nécessite pas d’attention particulière.

L’empereur romain Dioclétien est resté célèbre pour avoir renoncé au pouvoir en déclarant qu’il préférait planter ses choux. Cette expression est depuis utilisée pour signifier la fin de la vie active.


Les expressions autour du mot chou sont contradictoires. Du côté positif, rappelons-nous que les enfants naissent dans les choux (surtout les petits garçons) et qu’on les qualifie volontiers d’attendrissants « petits bouts de chou ». Dire à quelqu’un qu’il est « un chou », c’est qu’il est gentil, et s’il est « chou », c’est qu’il est mignon. « Faire ses choux gras » de quelque chose, c’est l’apprécier et en profiter.

Il est déjà plus difficile de « ménager la chèvre et le chou », car c’est reconnaître des intérêts antagonistes.

Et à partir de là, la langue bascule : chou devient négatif. Vous êtes « dans les choux » ou vous avez fait « chou blanc » ? Alors vous avez échoué…et c’est dommage parce que c’était « bête comme chou » !! Et si quelqu’un vous « prend le chou », vous allez être obligé de lui « rentrer dans le chou »…

Les journaux, à l’origine, ne comportaient qu’une seule feuille ; aujourd’hui, ceux au contenu pauvre sont qualifiés avec mépris de « feuille de chou ». Comble de malchance, mais heureusement rattrapable par la chirurgie, les oreilles en « feuilles de chou » sont des oreilles décollées. Serge Gainsbourg s’était décrit comme « l’homme à la tête de chou » dans un album de 1976. Quant à celles de Dumbo, le petit éléphant de Walt Disney, elles lui permirent de s’envoler…