La journée a commencé par un petit miracle. Un des colibris qui viennent boire le nectar de nos « colas de camarones » est entré, je ne sais comment, dans notre salon…Piégé et affolé, il s’est refugié dans les corniches du plafond. Platon, Thaïs, Margot et Chloé montaient la garde aux pieds des colonnes, leurs queues fouettant l’air nerveusement… Ne voulant pas qu’il se blesse, Jean-Paul a attendu qu’il sorte de sa cachette, juché sur une échelle. Effrayé et affaibli, il s’est laissé saisir sans difficulté.
Nous n’avons pas osé le regarder sous toutes les coutures, sachant combien il a besoin de se nourrir quasiment sans arrêt pour recharger ses batteries. Mais ce n’est pas tous les jours qu’on a un colibri dans sa main !
Entourés de campagne, nous en voyons beaucoup autour de chez nous, de toutes tailles et de toutes sortes : les plus grands mesurent, du bec à la pointe de la queue, environ 10 cms, et ont un plumage gris foncé ; les plus petits, dans les 6 cms, sont de véritables bijoux ; leur plumage est d’un bleu et d’un vert irisés, quasi métallique, avec parfois une touche d’orange flamboyant. Tous viennent se nourrir, ou plutôt s’abreuver si on considère la forme en trompe de leur bec, aux mêmes buissons de fleurs rouges et jaunes dont je vous ai parlé dans un précédent billet.
J’avais essayé, il y a quelques années, de les attirer, avec ces petits abreuvoirs superbement décorées, appelés « hummingbird feeders » qu’on remplit d’eau sucrée. Mais la présence des chats sur la terrasse, faisaient fuir les volontaires. D’autre part, avec la chaleur, le sirop devenait en quelques heures, un bouillon de culture qui risquait de leur être nocif.
Chaque fois qu’un colibri butine dans un de nos buissons, les conversations s’arrêtent, suspendues au vol géométrique, saccadé de l’oiseau qui visite chaque inflorescence. Quelle beauté ! Quel prodige de la nature de réunir dans une si minuscule créature tant de perfection et tant de grâce…
Notre colibri, ayant épuisé toutes ses réserves, s’est docilement couché dans la main. Il ne pèse rien et ne se débat pas. Nous l’avons porté au jardin devant la maison, à l’abri des griffes des chats, à côté de ses fleurs favorites. Il a levé le bec, s’est secoué et s’est envolé dans une vibration d’ailes…. Comme l’oiseau de la chanson de Gilbert Bécaud, il ne nous a pas attendus…