Le terme d’ « alicament » est apparu ces dernières années pour désigner ces aliments qui ont des vertus thérapeutiques : c’est le cas, par exemple, de l’huile d’olive, du beurre enrichi en omégas 3, du soja ou du son d’avoine. Il est pourtant un médicament qui jusqu’au début du XX° siècle, ne se trouvait qu’en pharmacie et qu’on prescrivait pour les problèmes intestinaux.
Il était arrivé en France, venu de Turquie où son existence est attestée depuis le XI° siècle, et c’est François 1er qui l’a officiellement introduit à la Cour de France après l’avoir réclamé au Sultan de l’Empire Ottoman. A partir des années 50, il apparaît timidement dans les rayons des épiceries dans des petits pots en carton couverts de paraffine ; puis, ce sera le succès grâce à ses apports en calcium et on l’achètera par 6 ou 8 dans des pots en plastique.
Souci écologique oblige, il nous revient dans des petits pots de verre, allégé en sucre, enrichi en calcium et vitamines, fruits du verger, fruits exotiques, fruits des bois, allégé, mixé, brassé, velouté, crémeux, à boire. Le yaourt (bulgare) ou yoghourt (turc), car vous l’avez reconnu, est une préparation industrielle ou familiale, à base de lait de vache, de chèvre, de brebis, de jument, d’ânesse, de chamelle ou de bufflonne, non égoutté et fermenté.
En France, le yaourt est très réglementé : fabriqué à partir de lait pasteurisé, il est souvent enrichi de lait en poudre, ce qui va lui conférer une teneur ajoutée en calcium et vitamines. On l’ensemence ensuite avec 2 ferments lactiques : le streptococcus thermophilus et le lactobacillus bulgaricus, ce qui en fait un aliment vivant.

Les Français sont les plus gros consommateurs d’Europe avec 21 kilos par an. Le yaourt est consommé en dessert, au petit déjeuner ou pour les petites pauses gourmandes. Dans les pays du Maghreb, le leben, plus solide, est consommé plutôt salé, accompagné de pain, d’huile, de tomates et de feuilles de menthe. En Inde, le lassi est une boisson aromatisée à base de yaourt, consommée en dehors des repas ou pour apaiser le feu des plats trop épicés.
Le yaourt, au-delà des petits pots, est entré dans bien de nos recettes. Qui d’entre nous, ne connaît pas le gâteau au yaourt, grand dépanneur des goûters d’enfants ? Dans la gastronomie indienne, le yaourt est, avec les épices et le jus de citron, la base de la marinade du poulet tandoori. En Grèce, le tzatziki est un mélange de yaourt ferme, de concombre, d’ail et de menthe.

Au Panama, le yaourt ne fait pas partie de la culture alimentaire. Le lait se boit au verre, à toute heure de la journée, influence américaine oblige, et je l’ai vu parfois mélangé à du Coca… Les yaourts, de plus en plus présents sur les gondoles, visent la clientèle étrangère mais il est difficile d’en trouver d’aussi bons qu’en France. En effet, ils nous viennent des Etats-Unis et sont enrichis en gélatine, ce qui altère leur onctuosité et sont presque tous « light ».
A cause de la crise de la vache folle, la gélatine bovine a été remplacée par de la gélatine porcine, ce qui a, dans la foulée, ouvert de nouveaux marchés destinés aux clientèles qui ont banni le porc de leur alimentation pour raisons religieuses.
Finalement, les meilleurs sont encore les « plain », c’est-à-dire nature et au lait entier, de fabrication locale. Bien sûr, on peut y ajouter à son gré sucre, confiture, sirop ou fruits coupés.
Personnellement, j’ai un problème avec les produits laitiers, aussi faut-il que je trouve une manière d’arriver à avoir ma dose de calcium, le bon fromage étant rare et cher par ailleurs. Je les passe donc au blender avec des fruits surgelés (mangue, fraises ou myrtilles). J’y ajoute un trait de sirop de fruits pour renforcer le côté sucré et je les mets en verrines au congélateur.
A partir de là, toutes les fantaisies sont possibles, autant gustatives que visuelles. Hier soir, j’avais fait une petite variation aux fruits rouges partagée avec Jacqueline et Christine ; pour obtenir le niveau oblique, j’ai calé mes verres sur le côté avec la couche aux fraises et j’ai congelé, puis j’ai rajouté le yaourt aux myrtilles sur la couche durcie.

Le mot yaourt est attesté dans la langue française dès 1432, mais il ne sera introduit dans le Petit Larousse qu’en 1925 !
Dans le milieu musical, le yaourt est ce galimatias à consonance anglo-saxonne, mais dépourvu de sens, que le compositeur applique sur sa mélodie, au moment de l’écriture.
L’expression « pot de yaourt »désigne dans le langage populaire, une « microcar », comme l’Isetta, la Fiat 500 ou les petites voitures sans permis.
